FASTI ECCLESIAE GALLICANAE

présentation de la collection des Fasti Ecclesiae Gallicanae, par Hélène Millet

Le présent volume ouvre une collection qui devrait, à son terme, compter 130 fascicules. Autant de fascicules que la France — considérée dans ses limites actuelles — recouvrait de diocèses après les créations de Jean XXII en 1316-1318. Dans chaque volume, le lecteur trouvera des tables chronologi­ques pour les évêques, leurs principaux auxiliaires et les dignitaires du chapitre cathédral ainsi que des notices biographiques pour eux-mêmes et tous les chanoines prébendés de la cathédrale de 1200 à 1500. Les notices consacrées aux évêques sont rédigées de façon traditionnelle ; les autres sont le résultat de l’édition automatique d’un fichier prosopographique informatisé. Cet ensemble est précédé par une copieuse introduction destinée à éclairer les cadres de la vie diocésaine et à faciliter la compréhension des renseigne­ments donnés dans les notices.

Sans le concours d’une équipe de chercheurs nombreux et motivés, il ne pouvait être question de lancer pareil programme. Un soutien financier du CNRS et le généreux accueil de l’IRHT lui ont permis de se réunir et de travailler depuis 1990. D’abord constituée en Groupement de recherche (GDR) tout entier occupé à travailler à la collection, elle est devenue partie d’un GDR plus vaste, voué à l’étude des sources religieuses, placé sous l’égide de Gerson et dirigé par André Vauchez. Actuellement forte d’une soixantaine de collaborateurs bénévoles, elle a mis en chantier les volumes de plus de trente diocèses.

Tandis que les Mauristes français élaboraient la Gallia christiana, John Le Neve dotait l’Angleterre de Fasti Ecclesiae Anglicanae. Par son titre et par ses ambitions, notre programme se rapproche davantage de l’entreprise anglaise que de la Française. Comme elle, il a laissé de côté les établisse­ments monastiques et il se contente de donner succinctement quelques informations biographiques ; mais il entend surtout l’imiter dans sa politique de révisions périodiques, que rend désormais plus facile le recours à l’informatique. Si nous n’avions pas été soutenus par l’espoir que nos listes et nos notices seraient un jour corrigées et améliorées, sans doute n’aurions-nous jamais osé les publier, car nous avons une conscience aiguë du caractère lacunaire de nos sources et de leurs difficultés d’interprétation. Mais nous avions aussi la conviction qu’il fallait lancer la recherche pour qu’elle puisse progresser.

Faire paraître au plus vite un premier fascicule nous a paru une tâche prioritaire. Beaucoup mieux que de longs discours, un exemple permet en effet d’expliciter les règles à suivre, aussi bien en matière de recherche que de présentation des résultats. Amiens nous a donc servi de banc d’essai. Durant les quatre années où nous avons travaillé à nos listes et à nos notices, nous nous sommes attachés, Pierre Desportes et moi-même, à définir une méthode. Au fur et à mesure, nous en avons discuté les points les plus délicats en comité de direction et en assemblée plénière. Certains tâtonne­ments ont, sans aucun doute, été préjudiciables à la cohérence du fichier. Mais nous sommes maintenant parvenus à définir un moule dans lequel tous les diocèses parviendront à se couler, sans que les ajustements parfois néces­saires ne viennent mettre en péril l’économie générale du projet.

Car les fascicules des Fasti Ecclesiae Gallicanae, tout en s’efforçant de tenir compte du « génie » propre de chaque diocèse, sont d’abord conçus comme les éléments d’un ensemble et destinés à jouer le rôle d’outil de travail auprès de la communauté des historiens. Ils se veulent opérationnels non seulement à l’échelle du diocèse mais encore de la France entière puisque, durant les trois siècles couverts par l’entreprise, les notables ecclésiastiques séculiers ont eu tendance à former une société relativement homogène qui se jouait des limites diocésaines. A terme, c’est une tranche sociale cohérente que restituera la collection et que matérialisera un Cd-rom où seront cumulées, corrigées et complétées les informations contenues dans chaque volume.

Cette façon de travailler conduira les lecteurs — tel est du moins notre souhait — à coopérer à l’œuvre entreprise en nous signalant les erreurs qu’ils pourront repérer ainsi que les renseignements supplémentaires dont ils dispo­sent. La collaboration sera d’autant plus nécessaire que, pour certains diocèses particulièrement pauvres en sources locales, il conviendra d’élargir la documentation. De ce va-et-vient avec les lecteurs, nous attendons qu’il nous permette de combler peu à peu une lacune importante de l’historiographie française.

Orléans, le 1er avril 1996, Hélène Millet, directeur du programme.

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