FASTI ECCLESIAE GALLICANAE

Diocèse d'Angers : note liminaire, par Hélène Millet

Voici que paraît enfin un livre dont la sortie était déjà annoncée en 1999. Que celui qui n’a jamais connu de retard dans ses entreprises lance le premier quolibet ! Pour ma part, je tiens au contraire à saluer la constance des deux auteurs, à remercier Jean-Michel Matz, le plus rapide des deux, pour sa patience et son sens du bien commun, et à savourer avec François Comte la satisfaction d’avoir surmonté les obstacles et le découragement.

Commencée en un temps où les logiciels coûtaient cher et où les chercheurs n’avaient pas encore un ordinateur portable en guise de porte-plume, la base de données destinée à dresser les fastes du diocèse d’Angers a été réalisée avec les moyens du bord (le logiciel 4Dfirst, version simplifiée de 4D) et par des débutants en informatique. Quelques bons génies sont venus à leur aide, mais ils n’ont pu empêcher que surviennent à chaque pas ou presque des problèmes inattendus, encore multipliés, sur la fin de l’entreprise, par les transferts des données à Orléans, en vue de leur édition.

Dans nos procédures de travail, les communications avec la base centrale orléanaise sont en effet fondamentales. Les notices offertes aux lecteurs ne ressemblent que de très loin à ce que le chercheur peut lire sur son écran ou éditer par ses propres moyens. Cela est dû notamment au fait que les individus ont très souvent plusieurs raisons distinctes d’être enregistrés dans la base. Ainsi, un official devenu chanoine donne lieu à deux enregistrements. Sa notice biographique résulte donc de l’addition des renseignements contenus dans ces deux enregistrements. La procédure automatique au terme de laquelle on obtient une telle notice développe également les multiples abréviations qui doivent obligatoirement être utilisées. Celles-ci, jadis nécessaires pour économiser les octets, conservent toute leur utilité pour assurer une certaine homogénéité à la manière de présenter les informations.

À Orléans, Irmine Martin et moi-même devons donc assurer ce service que représente le tirage, à la demande, d’éditions provisoires du contenu des bases de données en cours d’élaboration. La dispersion des collaborateurs et la pauvreté de nos moyens financiers m’avaient fait prendre le parti d’accepter que soient utilisés tant les ordinateurs Mac que PC, avec des logiciels différents pour chaque gamme de matériel. Mais nous peinons parfois à résoudre les problèmes d’incompatibilité. Lorsque, pour un diocèse, la recherche est terminée, nous effectuons aussi le travail éditorial final, non seulement pour les notices prosopographiques issues de la base de données, mais aussi pour tous les éléments — indices, tables, chapitres préliminaires — qui composent un volume. Sans le soutien logistique de l’IRHT et les conseils éclairés de sa collègue Christine Melin, Irmine Martin n’aurait pu acquérir les compétences qui sont désormais les siennes et grâce auxquelles nous pouvons remettre à notre éditeur des livres « prêts à flasher ».

Cette façon artisanale de procéder explique, sans les excuser, les trop nombreuses imperfections qui émaillent nos ouvrages, mais elle nous permet d’intervenir jusqu’au dernier moment pour éliminer les menues incohérences d’un édifice complexe où toute modification entraîne des corrections en chaîne à effectuer. Les collaborateurs des Fasti Ecclesiae Gallicanae ne sont pas des auteurs libres de faire ce que bon leur semble ; la rude discipline à laquelle ils acceptent de se soumettre ne sera pleinement justifiée que lorsque paraîtra le CDRom cumulatif par lequel une collection de fascicules deviendra œuvre collective unique.

Ce moment, nous osons l’espérer, ne devrait pas être trop éloigné, car la refonte si nécessaire et attendue de notre chaîne de traitements informatiques est en cours. Pour ce faire, il fallait à la fois trouver un financement et un technicien rompu aux anciennes techniques de programmation. Ce petit miracle a pu s’opérer grâce à une contribution du LAMOP, laboratoire auquel je suis personnellement rattachée, et à la compréhensive participation de notre éditeur. Jean-Philippe Genet, directeur du LAMOP, et Christophe Lebbe, directeur éditorial de Brepols Publishers, ont ainsi droit à toute notre reconnaissance.

La parution du Diocèse d’Angers devrait donc clore une époque. Elle coïncide aussi avec l’ouverture du site Internet rénové par les soins de Jean-Nicolas Rondeau.

Est-ce dû à sa lente maturation ? Le Diocèse d’Angers est certainement celui des volumes de la collection qui comporte le plus grand nombre de chapitres introductifs, celui aussi qui fait la part la plus importante au service liturgique assuré par les chanoines à la cathédrale. Ces excursions préliminaires, certainement trop rapides au goût des spécialistes, veulent tirer parti de sources ou de vestiges ici plus considérables ou mieux étudiés qu’ailleurs. Parfois, malgré tout l’intérêt d’une découverte, il faut se contenter d’en signaler l’existence pour ne pas se laisser distraire du projet prosopographique primitif. Et, quel que soit l’intérêt intrinsèque du sujet abordé, il est toujours demandé aux collaborateurs de mettre l’accent sur l’apport singulier des individus à la tradition ou au patrimoine communs.

Angers a bénéficié d’une conjoncture exceptionnellement favorable. Pour exploiter ses richesses patrimoniales et archivistiques, plusieurs chercheurs ayant chacun les compétences voulues ont convergé sur le même terrain et au même moment. Les observations complémentaires ainsi réalisées sur la cathédrale, ses vitraux, ses fresques et son trésor permettent de mieux déchiffrer les correspondances symboliques qu’entretenaient les reliques avec les lieux et les temps liturgiques. Elles nous enseignent aussi que, quoique séparés de biens, évêque et chanoines unis dans la célébration de l’office divin et dans la fidélité aux rites inaugurés par leurs antiques et saints prédécesseurs. Ils étaient ensemble dépositaires du patrimoine historique et culturel de la cité, ensemble aussi chargés de le faire fructifier. A mieux éclairer les aspects collectifs de la mission assignée au clergé de la cathédrale, on affine aussi considérablement la compréhension des parcours individuels.

Il est en revanche une originalité de l’évêché que les chapitres préliminaires n’ont guère éclairée : sans pourtant être métropole, Angers pouvait alors se dire capitale. Plusieurs colloques ou manifestations récents ont porté sur les destinées internationales de la maison d’Anjou, et on lit dans les notices individuelles que la carrière de beaucoup de chanoines est passée par la cour ducale et/ou par l’université. Mais sur le personnel de ces institutions, il reste encore beaucoup à apprendre. La recherche en la matière devrait se trouver stimulée par la publication de ce volume.

Orléans, le 27 mai 2003, Hélène Millet, directeur du programme.

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