Le GDR Salve arrive à échéance au mois de décembre prochain. Un dossier de demande de renouvellement a été déposé.
Les prochaines réunions des Fasti (2006) auront lieu :
En hiver : le 27 janvier, en lien avec un stage consacré aux livres liturgiques du Moyen Âge, le 28 janvier, sous la houlette de Jean-Baptiste Lebigue (IRHT). Ce stage débutera le vendredi 27 à 15 heures dans la foulée de la réunion des Fasti et aura lieu à l'École des Chartes. Après une présentation générale des livres de la messe et de l'office, cette session proposera l'étude spécifique d' ordinaires liturgiques manuscrits, destinés à des églises de Cambrai.
En outre, Benoît Jordan s'est offert pour organiser un stage sur les objets liturgiques. Le lieu en sera finalement Paris, avec visites probables au Musée de Cluny et au Trésor de Notre-Dame. Quatre dates sont en balance : le vendredi 31 mars, le samedi 1er avril, le vendredi 19 mai, le samedi 20 mai.
En été : en marge du colloque du CERCOR au Puy-en-Velay (29 juin-1er juillet). Ce colloque sera consacré aux chanoines réguliers. Michel Parisse en a fait la présentation à notre réunion. Pour ceux de nos diocèses dont le chapitre est OSA, ce colloque est fondamental. Pour les autres, il pose de toute façon le problème du passage de la sécularité à la régularité. Si quelques repères chronologiques sont bien connus (1059, 1092) on s'explique mal pourquoi, alors qu'au IX e siècle le mode de vie canonial est jugé trop facile, au XII e siècle, des hommes ont voulu devenir chanoines réguliers alors qu'il existait d'autres moyens de vivre régulièrement. Le XII e voit non seulement la transformation de communautés en communautés de chanoines réguliers mais également des fondations nouvelles. Le principe de tenir notre réunion d'été au Puy a donc été adopté. On verra cet hiver comment le mettre à exécution.
Ouverture au mois d'octobre 2005 de l'accès à "l'Opération Charles VI" visant à repérer – dans un but prosopographique – les personnes actives sous Charles VI.
Le LAMOP organise le 26 novembre 2005 une journée consacrée à la désignation des évêques. Il s'agit d'une séance de travail qui a pour but l'étude du vocabulaire employé et vise à faire un premier bilan des sources à utiliser pour repérer ce vocabulaire.
Au séminaire « L'Église et les églises en Occident à la fin du Moyen Âge » (ENS, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris), les Fasti seront représentés par Christine Barralis et Hélène Millet à la séance du 2 décembre (10h-18h), avec le sujet suivant : « Que veut dire l'expression ecclesia meldensis (Meaux est ici un exemple) à la fin du Moyen Âge ? ».
Le programme Pèlerinages et sanctuaires du GDR Salvé projette de développer la recherche sur le thème des cathédrales, avec pour point de départ les questions suivantes :
Avis de recherche : Qui a rencontré Henri Romain, chanoine de Tournai, Laon, Thérouanne et St-Méry de Paris entre 1429/32 et ca 1459, et par ailleurs traducteur de Tite-Live et de chroniques universelles ainsi que père de 4 enfants ? Prévenir Jacques Pycke.
H. Millet a invité J. Pycke à l'occasion de la sortie de son livre Sons, couleurs, odeurs dans la cathédrale de Tournai au XV e siècle, Tournai 2004, 286 pages. Qui, en effet, mieux que l'archiviste de la cathédrale qui conserve encore un magnifique fonds médiéval [1] pouvait restituer la vie de cette église ? Il l'a fait devant nous à partir d'un document exceptionnel, un manuscrit du XV e qui portait le nom de coutumier dans l'inventaire mais s'est révélé, à l'étude, être un ordinaire.
Le manuscrit qui a fait l'objet de l'intervention a été écrit au XV e sur un papier remontant aux années 1420 eu égard à son filigrane, un filigrane italien qui s'est répandu dans la région de Troyes puis dans celle d'Arras. Il a été transcrit par deux mains différentes et le manuscrit comporte en fait trois éléments de même format reliés ensemble au xviii e siècle.
Le premier élément est un cérémonial destiné à celui qui doit diriger les offices liturgiques de la cathédrale en fonction de la solennité.
Le second élément comporte des corrections et additions à apporter à l'ordinaire rouge. Ces corrections concernent le Sanctoral.
Le troisième et dernier élément concerne le Temporal depuis l'Avent jusqu'à la fête du Saint Sacrement. L'intervention de deux mains y est très nette. Cette dernière partie du document permet de constater que du point de vue du chant, la cathédrale de Tournai a adopté le mode vénitien. Contrairement à ce qui se passe dans le mode romain, le chant est prépondérant et ne peut pas être interrompu par le célébrant.
Ce document témoigne d'une volonté de remise en ordre de la liturgie jusque dans ses moindres détails ; il a été élaboré dans une période où, à Tournai, la discipline est reprise en main au même titre d'ailleurs que les affaires temporelles. A ce propos J. Pycke fait constater qu'il existe des « moments d'écriture » dans les maisons religieuses et que ces moments sont globaux et ne se cantonnent pas à un seul domaine.
À partir de ce document J. Pycke a voulu montrer la vie de la cathédrale de Tournai au XV e siècle et a présenté ses divers espaces.
Le plan de l'enclos capitulaire constitué de l'ensemble des maisons canoniales donne une première idée de la puissance d'un chapitre qui compte 42 prébendes et est un véritable pouvoir dans la ville face à l'évêque imposé par les ducs de Bourgogne. La puissance du chapitre est fondée sur un faux diplôme qui lui donne des droits régaliens importants et notamment de passage sur l'Escaut. Par ailleurs, le chapitre affirme sa puissance en revendiquant des liens avec Chilpéric qui figure sur son sceau. Jusqu'en 1796, la fête de Chilpéric est célébrée avec une solennité particulière, sur le mode majeur, avec distribution de pain et d'anguilles à 300 pauvres.
La liturgie (50 à 60 messes par jour dans la cathédrale de Tournai) est assurée par un personnel très important : outre les 42 chanoines dont à peine 20 % résident ce qui est insuffisant pour assurer la liturgie, il faut ajouter les grands vicaires [2] (12 astreints à la stricte résidence et organisés pour défendre leurs droits face aux chanoines), les vicaires amovibles au nombre de 6, les 38 chapelains et les 12 enfants de chœur. Lors des offices majeurs ce sont environ 130 personnes qui prennent place au chœur. Elles portent des habits liturgiques fastueux dont J. Pycke nous a montré quelques exemples [3] à partir de son diaporama. C'est bien normal dans une cathédrale dont les chanoines ont un pouvoir d'achat 12 fois supérieur à celui d'un ouvrier qualifié. Le luminaire aussi est fastueux puisque ce sont alors 300 cierges qui brûlent en même temps.
Pour faire face aux exigences de cette liturgie, le chœur de la cathédrale a dû évoluer. Le chœur de Tournai est un bon témoignage de ces évolutions. Il montre comment il fallait également tenir compte des contraintes liées aux tombeaux des évêques qui voulaient y être inhumés et demandaient pour ce faire l'autorisation à leur chapitre. Leurs tombeaux voisinent avec la châsse [4] du premier d'entre eux, Eleuthère, modifiée en 1247 et installée derrière le maître autel. L'apparence de ces tombeaux est assez proche de celle des évêques d'Amiens encore conservés in situ (dalles de laiton portées par des lions).
Le chœur est séparé des autres espaces de la cathédrale par le jubé. Il n'a pas toujours existé. D'une manière générale, le jubé fait un retour en force dans les cathédrales au XIII e siècle. Celui de la cathédrale de Tournai date du XVI e et il a pour constructeurs les concepteurs de l'Hôtel de Ville. Il n'est pas tourné vers les fidèles car les chanoines n'entretiennent pas de liens pastoraux avec les fidèles, se contentant de contrôler les curés des paroisses de la ville. Il joue un rôle dans les célébrations liturgiques : plus la fête est importante, plus grand est le nombre de personnes qui montent au jubé.
À Tournai, l'office musical est d'une qualité exceptionnelle, très loin du misérabilisme imposé par le XIX e . En témoigne la messe de Tournai (1349) largement influencée par Avignon. C'est la première polyphonie sans unité. Son Ite missa est, par exemple, comporte trois voix différentes qui chantent trois choses différentes dont une chanson d'amour (Je n'ai pas réussi à vous séduire…)
L'espace des paroissiens est la nef qui abrite l'autel paroissial. Elle est impressionnante par sa taille mais il ne faut pas oublier que la cathédrale reste l' ecclesia matrix qui devrait pouvoir abriter, une fois par an, toute la population de la cité. C'est un espace profane, au même titre que le transept.
À son sujet, J. Pycke énumère toutes les fonctions qu'il remplit : c'est le lieu de vente des cierges, des images pieuses, de l'exposition de la sognie, une chandelle qui a la longueur du rempart de la ville ; c'est aussi le lieu d'exposition des enfants abandonnés, de mort des malades. On y tient les synodes diocésains. Bref c'est un espace à tout faire.
Pour terminer ce panorama de la cathédrale qui a bien restitué l'ambiance colorée [5] et sonore de la cathédrale – qu'on songe aux 48 sonneurs de la fin de l'Ancien Régime – J. Pycke évoque un document particulièrement original, une « pub » pour la cathédrale commandée par les fidèles vers 1420. Tout en elle la place au rang des plus prestigieuses : son ancienneté, son trésor de reliques, la qualité du clergé qui y officie, les miracles qui s'y sont accomplis.
[1] Pour faire « baver d'envie » les présents, J. Pycke signale deux inventaires médiévaux des archives de la cathédrale : le premier, un rouleau du XIII e siècle, est classé en fonction des auctoritates qui ont délivré les actes. Le second du XV e siècle recense 6000 documents classés selon un ordre géographique.
[2] C'est peut être l'un de ces grands vicaires et non pas un chanoine que l'on voit en train d'administrer le sacrement de la réconciliation dans le Triptyque des Sept sacrements de Roger Van der Weyden. En effet, compte tenu du peu de liens qui existent entre les chanoines et les fidèles, il est plus logique de penser que c'est un grand vicaire qui est ici représenté même s'il porte l'aumusse. En effet les grands vicaires de Tournai la portent aussi mais elle est en poils de chèvre lorsque celle des chanoines est de vair ou d'hermine.
[3] A noter la capa retro aperta dont l'orfroi est composé d'une partie vide où l'on peut glisser des dessins du saint du jour. A noter qu'une chapelle liturgique complète, au XVI e siècle, coûte autant qu'une église à trois nefs avec clocher.
[4] Comme toute cathédrale, Tournai dispose de nombreuses reliques, autant que de saints fêtés. Son trésor est donc impressionnant comme en témoigne la grande procession où toutes les châsses sont sorties du trésor et déposées sur et autour du maître-autel qui en temps ordinaire est entouré de courtines qui ne permettent pas de le voir.
[5] La cathédrale de Tournai était peinte aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.
D'emblée, il faut souligner le caractère double d'une bibliographie dans laquelle la qualité de l'érudition suisse s'oppose assez fréquemment au laxisme des « ecclésiastiques français ». Cela apparaît de manière évidente dans la comparaison de la publication de l'obituaire de la cathédrale et de celui des Macchabées. Il n'y a pas de grande publication synthétique sur le chapitre cathédral de Genève, le travail de référence actuel étant le volume de l' Helvetia Sacra de 1980 consacré au diocèse de Genève et à l'archidiocèse de Vienne dont il est suffragant. Par contre il subsiste de belles séries de délibérations capitulaires pour la période 1418-1535.
Le diocèse de Genève qui fait 6 800 km 2 est marqué par le relief : 40 % de son territoire se situe à plus de 600 mètres d'altitude et cette altitude influe sur la taille des huit décanats qui sont les circonscriptions ecclésiastiques inférieures qu'il abrite. Plus on s'élève en altitude, plus leur taille est importante. Cette spécificité géographique (diocèse alpin, sillon rhodanien) n'est pas négligeable.
À côté de la cathédrale de Genève, le diocèse abrite les collégiales de Sallanches (1389), de Notre-Dame de Liesse à Annecy (1395) et des Macchabées (1406). Toutes ces collégiales sont nées avec le Schisme qui s'est révélé une aubaine et non pas une crise pour le diocèse.
Genève est devenue centre épiscopal dans la deuxième moitié du IV e siècle et son premier évêque connu est Isaac. Sa cathédrale est placée sous le vocable de saint Pierre. L'évêque est seigneur de la ville qui est dans l'immédiateté de l'empereur. Au cours du Moyen Âge, l'évêque a eu à lutter contre les comtes de Genève puis de Savoie.
En 1444, le pape de Bâle Félix V s'octroie la commende du diocèse. Lors de son ralliement à Nicolas V il obtient de pouvoir conférer ce diocèse à qui bon lui semble. Résultat, pendant près de trois quarts de siècle, le diocèse de Genève reste dans la famille des Savoie.
L'évêque est assisté de vicaires généraux à partir de 1309 puis de 1371. Ils deviennent permanents au XV e . Ces vicaires généraux se succèdent à un rythme parfois très soutenu : 25 pour l'épiscopat de Jean-Louis de Savoie (1460-1482).
Quand les absences de l'évêque se prolongent au point qu'il ne peut exercer les fonctions spécifiques de sa charge, il est suppléé par des évêques auxiliaires (dès la fin du XIV e ) qui deviennent pérennes à partir de 1443 et pratiquent la visite pastorale. Les archives conservent 5 registres de visites pastorales mais il n'y a aucune documentation pour la ville même de Genève.
L'officialité fonctionne à partir de 1225 et a fait l'objet de deux séries de statuts au XV e , statuts qui portent sur l'organisation et le fonctionnement de la cour de l'official. 70 officiaux ont été recensés entre 1225 et 1536. L'évêque de Genève est de même assisté d'un garde des sceaux également appelé notaire ou secrétaire du diocèse, d'un receveur général des finances et d'un procureur épiscopal. Son conseil épiscopal l'assiste pour tout ce qui relève de sa temporalité.
Les chanoines de la cathédrale habitent à proximité de l'Église-mère qui est flanquée d'un cloître à étage. C'est, en effet, à l'étage qu'ils tiennent leurs réunions dans la salle capitulaire. La rue des chanoines a été rebaptisée au XIX e rue Jean Calvin.
Il existe des clercs de l'évêque dès le milieu du XI e mais le terme de chapitre n'est utilisé de manière continue qu'à partir de la fin du XIIe siècle. Les statuts du chapitre sont tardifs puisqu'ils datent de 1483 mais ils sont explicitement présentés comme une mise à jour des statuts de 1292. Le chapitre est composé de 30 chanoines cooptés. Ils sont dirigés par un prévôt qui ne dispose que d'une seule prébende ; ils sont nécessairement nobles ou à défaut doivent, à partir du pontificat de Martin V, disposer d'un titre universitaire.
À côté du prévôt on relève trois offices canoniaux :
Parmi les chanoines prébendés on note :
Partant du constat qu'à partir du pontificat d'Innocent III les enquêtes contre les prélats (archevêques, évêques, abbé et autres supérieurs religieux) accusés de crimes énormes se sont multipliées, Julien Théry s'intéresse au fonctionnement concret de ces enquêtes, dans lesquelles le rôle des chanoines est important. Ce sont eux, en effet, qui rendent bien souvent la procédure possible en rapportant au pape la renommée (fama) des crimes énormes – il s'agit d'une catégorie juridique – commis par le prélat incriminé.
Dans sa thèse, il a analysé en détail l'une de ces enquêtes, menée en 1307-1308 contre l'évêque d'Albi Bernard de Castanet. Cette enquête n'est pas un cas unique, loin de là, puisque J. Théry a pu recenser plusieurs centaines cas documentés et évalue à plus de 600 le nombre d'affaires dont restent des traces pour le seul XIIIe siècle.
Les documents liés à ces enquêtes sont de natures diverses ; le plus souvent, seule une infime partie des documents concernant une affaire sont parvenus jusqu'à nous.
Les plus nombreux, de très loin, sont des mandements pontificaux (pour lesquels des incipit – par exemple du type Grave gerimus et molestum… – et des préambules spécifiques existent à la chancellerie pontificale) . Par ces mandements, qui reprennent la liste des crimes supposés commis par le prélat objet de l'enquête, le pape ordonne à des commissaires de faire une enquête non pas sur les faits, mais sur la fama concernant ces faits. Il s'agit donc d'une enquête préliminaire, qui peut avoir lieu sur place, mais aussi à la Curie. Si elle se révèle positive, le pape lance dans un second temps une enquête de vérité menée in partibus , qui porte, elle, sur la réalité des faits dénoncés. Au cours de cette étape principale de la procédure, les enquêteurs doivent réunir les preuves, c'est-à-dire, pour l'essentiel, des témoignages directs concordants. Des dossiers contenant les procès-verbaux des auditions de témoins in partibus ont parfois subsisté – mais le cas est rare. Dans un dernier temps, à partir de ces procès-verbaux ramenés par les enquêtes, des clercs de la Curie compilent des synthèses à l'intention pape ou du cardinal qu'il a éventuellement commis pour prendre l'affaire en charge. Ces recollectiones réunissent méthodiquement les éléments à charge et à décharge.
La plupart de ces procédures finissent bien pour le prélat accusé, mais il arrive qu'il soit tenu à une purgatio canonique avant d'être relaxé, voire qu'il soit déposé (plusieurs cas concernent des prélats italiens trop proches des Staufen). On connaît même un cas – certes très atypique – de condamnation à mort, celui de l'évêque de Cahors, Hugues Géraud, supplicié en 1317 pour avoir assassiné par voies occultes un neveu de Jean XXII et s'en être pris au pape lui-même par envoûtement.
Dans la mise en place de ce type d'enquête, le concile de Latran IV a marqué une étape essentielle, notamment par l'adoption du canon 8, Qualiter et quando (dont J. Théry a présenté rapidement le texte) qui fait la synthèse de deux décrétales antérieures du pape Innocent III concernant l'une les enquêtes contre les réguliers simoniaques (Licet Helie, 1199) et l'autre la procédure inquisitoire contre les prélats séculiers (Qualiter et Quando, 1206). Avant ces deux décrétales toute procédure criminelle menée à l'encontre d'un prélat était fort difficile. Le système accusatoire supposait en effet :
Autant dire que l'accusation d'un prélat délinquant était chose quasi-impossible ! De fait, en pratique, les seules affaires connues avant la fin du XIIe siècle tenaient à des contextes exceptionnels, avec interventions directes d'importants personnages, religieux ou séculiers.
Avec les modifications introduites par Innocent III, la mise en cause des prélats criminels devint possible, avec l'attribution à la fama d'une fonction accusatrice. Ceux qui relayaient les accusations à la Curie pouvaient désormais le faire sous couvert de la « commune renommée », vox et fama communis , évitant ainsi de prendre le statut d'accusateurs, avec tous les risques qu'il comportait. Les dénonciateurs pouvaient d'ailleurs demeurer anonymes si le pape le jugeait bon. Dans ce cas, les lettres de mandement lançant les enquêtes n'invoquaient que la fama des crimes, en taisant les noms des chanoines ou des moines qui l'avaient portée auprès du pape – lequel procédait pleinement ex officio . Bien souvent, les dénonciateurs apparaissaient toutefois dans la procédure, comme « promoteurs » des causes et auxiliaires des juges pontificaux.
À partir du pontificat d'Innocent III, moines et chanoines affluent à la cour d'Innocent III pour dénoncer leurs supérieurs. J. Théry esquisse une typologie des situations rencontrées, à partir d'une liste d'affaires mettant en scène des chanoines dénonciateurs – liste extraite du premier recensement proposé dans son Mémoire de fin de séjour à l'École française de Rome (présenté à l'Institut en juillet 2004). Le pape met à profit ces démarches pour s'insérer dans les jeux locaux et renforcer la centralisation de l'institution pontificale. Rien ne l'oblige à agir lorsqu'une mauvaise fama lui est rapportée, mais il est informé de ce qui se passe localement. Ceux qui se rendent à la Curie dans le cadre de ces procédures effectuent au moment de se mettre en route une officielle et solennelle itineris arreptio , objet d'un acte notarié, qui les place sous la protection du pape, à l'instar des pèlerins, – même si de véritables chasses à l'homme sont parfois organisées par les évêques pour arrêter en chemin des chanoines qui tentent de faire parvenir au Saint-Siège la fama de leurs méfaits.
Finalement, ces enquêtes apparaissent aux xiii e et xiv e siècle comme un véritable moyen de gouvernement de la hiérarchie ecclésiastique par la monarchie pontificale.
À la suite de l'exposé de J. Théry, V. Tabbagh fait remarquer qu'il y a dans ces affaires un parallélisme avec les conflits opposant curés et paroissiens. Il se demande si la procédure ex officio ne se serait pas mise en place localement avant d'être généralisée par Innocent III qui l'aurait utilisée contre les Églises locales dans un jeu qui rappelle celui de l'arroseur arrosé.
Chargé de préparer la base de données « Fasti », c'est-à-dire la base cumulant les bases de données diocésaines, S. Raux en a présenté la structure. Le principe de la mise en ligne de la base « Fasti » sur un site Internet accessible sur mot de passe aux seuls membres des Fasti a été accepté par notre éditeur, qui aura quant à lui la charge d'en préparer une version interrogeable par le public sur son site payant, Brepolis. Cette base Fasti recevra les versions corrigées et complétées par leurs auteurs des neuf bases diocésaines actuellement publiées ; elle pourra être nourrie par Internet ou par des fichiers ACCESS réalisés selon le modèle « Fasti légère » actuellement utilisé pour la fabrication des nouvelles bases (il s'agit seulement du transfert sous ACCESS de l'ancienne structure 4D ou Dbase).
La base « Fasti » est une base de données multi-relationnelle. La correspondance entre les champs de « Fasti légère » et ceux de « Fasti » n'est pas totale, mais les divergences ont été réduites au maximum de façon à ce que le passage de l'une à l'autre soit possible automatiquement, moyennant quelques interventions manuelles.
Les divergences se situent au niveau des noms et des parents. Dans « Fasti », la saisie de chaque nom, qu'il soit prenom, pre_bis, nom, nom_bis, nom_franc ou nom_list, donnera lieu au renseignement de trois champs pour former une « table » des noms :
De même, le champ « parents » de « Fasti légère » correspondra à une table des parents et comportera quatre champs pour chaque parent :
Il est donc conseillé à tous d'adopter une nouvelle syntaxe pour l'écriture des données dans le champ « parents » de « Fasti légère ». Pour chaque parent, écrire la séquence [lien]-[nom], [fonction] ([numéro]). Les crochets carrés sont là pour isoler chaque élément ; ils ne sont pas à saisir, contrairement au tiret, à la virgule et aux parenthèses. Chaque parent est séparé du suivant par un point virgule.
Pour tous les autres champs, la syntaxe définie pour « Fasti légère » reste inchangée. On notera que le non-respect de cette syntaxe sera détectée lors du transfert automatique d'une base « Fasti légère » dans la base « Fasti », et, pour chaque anomalie détectée, une intervention manuelle sera à prévoir.
Faute de temps, Fabrice Ryckebusch n'a pas pu intervenir lors de cette séance. Son intervention est reportée à la prochaine session.
Ce compte rendu a été réalisé à partir des notes de Fabrice Ryckebusch et de Sofiane Abdi qui vous prient de les excuser s'ils ont laissé passer des informations essentielles.