Le programme des Fasti Ecclesiae Gallicanae se poursuit désormais dans le cadre d’un nouveau GDR, intitulé SALVE (= Sources Acteurs et Lieux de la Vie religieuse à l’Epoque médiévale) et placé sous la direction d’Hélène Millet. Créé sous le code GDR 2513, il comporte sept autres programmes :
Deux entreprises du programme « Archives de la papauté » placées sous l’égide de l’EFR nous intéressent au premier chef :
A l’étranger aussi, les Fastes font recette. Nos collègues portugais ont obtenu le financement d’un programme de recherche sur trois ans. Ils l’ont exposé lors d’une session au Medieval International Congress de Leeds où ont été conviées Diana Greenway (pour les Fasti Ecclesiae Anglicanae) et Hélène Millet. Le numéro de 2003 des Quaderni di Storia religiosa portera sur Capitoli e canonici nel medioev,o avec un article pour rendre compte de l’état de la recherche en France.
Sont en cours de préparation pour une parution à l’automne les volumes sur Rodez (Matthieu Desachy) et Mende (Philippe Maurice). Ils ont donc doublé Angers pour lequel François Comte ne parvient pas à combler son retard. Sées est aussi candidat à une publication prochaine.
Les convocations aux prochaines réunions seront désormais envoyées, sauf impossibilité, par courrier électronique. Merci de signaler votre adresse à Mme Martin.
Il serait bon que de nouvelles bonnes volontés se manifestent pour aider aux divers travaux d’intérêt général : classement des livres de la bibliothèque, gestion de la « Boîte », rédaction des comptes rendus etc.
Daniel Le Blévec a résumé la journée d’étude qui s’est tenue le 13 décembre dernier aux archives départementales de Montpellier. Les communications ont permis une synthèse large, fondement de nombreux travaux futurs, même si bien des interrogations demeurent au sujet de cet évêché situé dans la partie orientale de l’actuel Hérault et dont l’existence fut relativement courte, puisque attesté pour la première fois en 589, il disparut de la carte en 1536, avec le transfert de son siège à Montpellier.
Les contraintes du milieu insulaire ainsi que la proximité de la ville de Montpellier ont largement marqué son histoire. L’université montpelliéraine a ainsi permis l’utilisation de personnel de bonne formation, y compris au plus haut niveau, mais il faut constater que la tutelle de l’évêque y a toujours fait l’objet d’une grande résistance. Plus localement, les liens constants entretenus avec le consulat, à partir du XIVe siècle, ont entraîné la présence de documents importants aux archives municipales, alors que le fonds de la cathédrale n’a pas encore été exploité systématiquement.
La position du diocèse en a fait un enjeu pour la royauté comme pour la papauté ainsi que l’a montré le cas de l’évêque Jean de Montlaur (1160-1190) qui paraît avoir privilégié les liens avec les Capétiens plutôt qu’avec le pape. Cette attitude lui fit d’ailleurs perdre un appui précieux dans le rude et long conflit qui l’opposa au prévôt du chapitre et aux chanoines.
Les chanoines de Maguelone constituaient un chapitre augustin, dont l’étude des Lettres Communes permet d’estimer la relative richesse, avec pas moins d’une trentaine de prieurés cures. Pour la connaissance de la vie quotidienne de la communauté, il faut souligner l’intérêt exceptionnel de statuts rédigés sous l’évêque Jean de Vissec, canoniste mort en 1334. D’une grande ampleur, ils comprennent 107 chapitres et peuvent être rapprochés de ceux de Saint-Victor de Marseille, même s’ils sont beaucoup plus détaillés. On s’interroge encore sur les motivations exactes de leur rédaction.
Michelle Fournié nous a rapidement informés du déroulement du colloque international Religion et Montagne en Europe de l’Antiquité à nos jours, qui s’est déroulé du 30 mai au 2 juin à Tarbes. Les actes de cette réunion axée sur la montagne sacrée et sa topographie ainsi que sur les rapports entre clergé et fidèles, devraient permettre de mieux cerner les éventuelles spécificités montagnardes.
Annick Gossé-Kischinewski a fait part de l’état de ses recherches sur le diocèse d’Évreux qui comptait en 1370 473 paroisses. Des zones d’ombre subsistent, dues en grande partie à des travaux antérieurs incomplets voire erronés et à des incendies ravageurs. Tout ceci explique les difficultés actuelles (combien au juste le chapitre comptait de prébendes ? quel était le montant de la taxatio ? comment étaient les maisons canoniales ?), ainsi que la persistance de notions quasi légendaires faisant la part belle à Rollon. Mme Gossé-Kischinewski a largement déblayé le terrain mais apprécierait toute aide lui permettant d’avancer dans ses recherches.
Bernard Adenmatten nous a présenté l’Helvetia Sacra, entreprise née au début des années 1960 mais encore peu connue en France. L’Helvetia Sacra traite de l’ensemble des établissements ecclésiastiques helvétiques sans se limiter aux seules institutions diocésaines. L’accent y est mis sur les notices biographiques qui représentent à peu près les deux tiers des ouvrages, le principe retenu étant d’accorder à chaque individu autant de notices qu’il a rempli de fonctions. Ces notices ne concernent pas les simples bénéficiers. Cette volonté parfois discutée a permis à cette collection de se développer rapidement, malgré des contraintes telle que la nécessité de toujours user de la langue officielle des lieux concernés. Le premier volume parut en 1972, le dernier est prévu pour 2007, après l’évocation de 12 diocèses.
Contrairement à ceux des Fasti, les volumes de la collection couvrent une période extrêmement longue, puisqu’il s’agit d’aller des origines à nos jours. Ce choix s’explique par le rôle encore très important que joua l’Église dans les terres d’Empire après le Moyen Âge.
La collection se caractérise par une grande attention portée aux archives dont les fonds bénéficient de descriptions détaillées. La dispersion des archives est telle qu’on ne peut négliger les archives se trouvant à Turin, Annecy, Innsbruck ou Vienne. L’entreprise déborde donc largement du cadre de la Suisse.
Les problèmes que rencontrent les auteurs des Fasti aux derniers stades de leur travail ont été évoqués par Matthieu Desachy, à propos de son volume consacré au diocèse de Rodez. Il a insisté sur l’importance des tirages papier qui permettent les relectures et peuvent éventuellement être les bienvenus lors de difficultés informatiques. Il ne faut pas négliger non plus l’intérêt qu’il y a à parler de ses « cumulards » aux spécialistes des diocèses concernés, l’utilité de penser à faire une carte facilement lisible sans s’y pendre au dernier moment, et la nécessité de savoir s’arrêter en faisant abstraction d’éventuelles découvertes postérieures. Concernant le diocèse de Rodez en particulier, Matthieu Desachy a évoqué également la question de la graphie des patronymes, question aiguë pour le Midi. A ce sujet, il n’est pas inutile de rappeler que, quelle que soit la solution envisagée sur ce point, il est nécessaire de s’y tenir de façon cohérente et d’en avertir clairement le lecteur.
Faire la connaissance de visu d’un chanoine de Laon, telle a été l’expérience à laquelle nous avons été conviés par Inès Villela-Petit, grâce à son identification en tant que commanditaire d’un retable conservé au musée municipal de cette ville. Sur un panneau issu d’un triptyque qui devait surmonter initialement l’autel de la chapelle de la Madeleine est représenté le donateur, un chanoine portant une chape taillée dans un précieux brocart et une aumusse de petit gris. Il tient un bâton cantoral en forme de tau orné de pierres précieuses. Par une datation plus précise de ce retable, l’examen de ses dimensions et l’étude des registres capitulaires, Inès Villela-Petit est parvenue à identifier le chantre Pierre de Wissant, peint alors qu’il était âgé d’environ 70 ans, vers 1410.
De telles représentations de chanoines sont nombreuses, surtout au XVe siècle marqué par l’accroissement des commandes. Le chanoine, surtout à partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, y est caractérisé par la présence de l’aumusse, généralement portée repliée sur le bras gauche. Le chantre est représenté avec son bâton cantoral dont la forme n’était pas encore fixée au XIIIe siècle. Il pouvait être alors soit fleuronné, soit fini par un pommeau ou par un tau. Par la suite, le tau l’emporta sans toutefois éliminer des formes plus recherchées. Les portraits collectifs ne sont pas toujours exempts de signes permettant d’identifier quelques chanoines, comme la représentation de clefs pour désigner un trésorier. Mais ils avaient pour objet d’évoquer l’unité du chapitre, alors que les portraits individuels étaient là comme offrande et hommage du chanoine à son église.